L’Altir relève le défi turc !

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L’Altir relève le défi turc !

Année 2011 chahutée pour Elif (notre photo). En janvier, la mise en dialyse est réalisée en urgence sur cathéter. Les séances sont difficiles, mal supportées. En février, des infirmières libérales sont formées par l’Altir pour prendre en charge le traitement à domicile d’Elif par dialyse péritonéale cette fois. Tout va alors très vite et début mars, elle peut être chez elle et recevoir ses soins.

Un mois plus tard, accompagnée de son mari lors d’une consultation, elle annonce au médecin son souhait de partir en Turquie, comme chaque année pour les mois d’été. Son état de santé est à peine stabilisé…mais les billets d’avion sont pratiquement réservés et le départ est imminent. Le challenge est lancé et toute une équipe se mobilise pour que le projet d’Elif aboutisse dans les meilleures conditions.

 

Une course contre la montre !

Sans plus tarder, l’équipe infirmière démarre l’éducation d’Ali, le mari. C’est plein de bonne volonté qu’il se présente régulièrement à l’Altir mais très vite, la barrière de la langue freine l’avancée de sa formation. « Nous avions réussi à obtenir un protocole écrit en turc par le biais d’un laboratoire, se souvient Carole, une infirmière, mais il n’était pas très adapté à nos pratiques et comprenait trop de termes techniques. A un moment donné, il a fallu faire intervenir sa fille comme interprète. Avec les risques de péritonite liés à ce mode de traitement, il fallait que nous soyons sûrs qu’il comprenne la nécessité d’une asepsie parfaite dans les soins qu’il allait dispenser à sa femme. » (photo du couple avec Jacqueline infirmière)

En parallèle, à la pharmacie, Martine la préparatrice, s’active également pour mettre en place la logistique nécessaire. Le laboratoire avec lequel nous travaillons livre les poches de dialyse sur le lieu de vacances de nos patients. Mais les délais sont importants, souvent plusieurs semaines et dans le cas d’Elif, il y a urgence… Par chance, les poches que nous recevons en France proviennent de … Turquie ! « Il a quand même fallu modifier régulièrement l’adresse de livraison des poches, explique Martine. Je retranscrivais mal l’alphabet turc et ça a été dur de s’entendre…Un autre problème s’est très vite posé à nous, Elif devait emporter avec elle tout le matériel annexe (compresses, coquilles, poches vides…). Nous avons trouvé quelques astuces pour ne pas trop la charger : une potence pliable, un petit thermiseur de voyage… Malgré tout, il y avait un excédent de poids conséquent et volumineux. »

Un couple méritant

Quelques mois plus tard, nous retrouvons le couple à son domicile. (photo dans leur pièce de dialyse) Elvire, la cadre infirmière, responsable du service de dialyse péritonéale, veut s’assurer que le retour en France et la prise en charge d’Elif se passent au mieux. L’accueil est chaleureux. Très vite, la conversation va bon train, il y a tant de choses à raconter…Cela démarre avec leur arrivée en France, 38 ans plus tôt. Un premier travail de bûcheron à Verdunpour Ali, puis un séjour dans les Vosges avant de s’installer à Nancy. A l’époque, Elif travaille aussi, elle fait des ménages dans des bars, des magasins…Les temps sont difficiles. Maîtrisant mal le français, ils sont exploités par leurs patrons respectifs qui ne déclarent pas toutes les heures effectuées. Sous payés et mal logés, ils élèvent dignement leurs 4 enfants. Et quand les ennuis de santé rattrapent Elif qui doit arrêter de travailler, côté financier, le couple peine à nouveau … Alors la Turquie, c’est le bol d’air, c’est le retour aux sources, c’est le plongeon au coeur de leurs racines, c’est l’espace de liberté, …..un petit goût de revanche sur cette vie pas toujours juste…

Trois mois et demi en Turquie

« Nous avons une maison en Turquie, dans une ville grande comme Nancy, explique Ali. Nous louons le rez de chaussée et occupons l’étage. Dans le garage, nous gardons notre vieille Opel de 19 ans. Grâce à ce véhicule, nous pouvons nous promener, aller dans les petits villages alentours et en montagne. Mais cette année, la chaleur a été très étouffante, souvent dans les 45°C, c’était assez éprouvant. » La famille n’est pas très loin non plus, même s’ils ne se voient pas forcément beaucoup, frères et soeurs d’Elif sont à 30 kilomètres de là et leurs propres enfants viennent également passer leurs congés d’été en Turquie.

Elvire s’enquiert alors de la dialyse, car le couple nous a laissés sans nouvelles durant ces mois passés à l’étranger. « J’étais inquiète, précise Elvire, je ne 

savais pas comment allait se dérouler leur passage à la douane avec tous ces bagages. Nous avions tout préparé, sur chaque carton figurait le tampon de l’Altir avec les références de la pharmacie. Les médecins avaient fourni les ordonnances pour chacun des produits transportés. Mais on n’est jamais à l’abri d

e problèmes administratifs …Et puis, j’étais soucieuse aussi pour les soins….aujourd’hui, je suis ravie de les voir en pleine forme et de voir avec quel courage et quel sérieux Ali a géré la situation. » (photo)

Sur place, Elif allait tous les quinze jours en consultation dans un hôpital périphérique. Un suivi biologique était réalisé et le traitement pouvait ainsi être ajusté. La dialyse a été réalisée sans encombre : une poche par jour suffisait, faite chaque soir à 20 heures et drainée chaque matin à 8 heures. C’était très confortable puisque cela leur donnait une belle liberté en journée. « Quant à la douane, tout s’est très bien passé, précise Ali. Nous avons pris l’avion en Allemagne. Par chance, j’ai pu bien discuter et tout expliquer en turc. Nous n’avons eu aucun souci, les douaniers ont compris que nous étions handicapés. »

Nous repartons les poches garnies par Elif de figues et d’amandes, rapportées de leur voyage. Nous apprécions le geste, et sentons ce petit goût de liberté qui vient jusqu’à nous…